Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et Messieurs les ministres et secrétaires d’Etat,

Mesdames et Messieurs les députés et sénateurs,

Les organisations syndicales de Moselle CGT, FO, FSU et SOLIDAIRES partagent le constat que le projet de loi de l’actuel gouvernement portant réforme des retraites poursuit l’aggravation de la situation de l’ensemble des salariés face à ce droit fondamental pour le monde du travail et fruit de ses luttes. Ce texte s’inscrit bien dans la continuité des contre-réformes menées depuis 1993.

La cotisation patronale vieillesse est bloquée depuis 1979 et, entre 1982 et 2010, ce sont l’équivalent de 1100 milliards d’euros de salaire brut et de 400 milliards de cotisations patronales qui ont basculé des salaires vers la rémunération des actionnaires.

Si l’augmentation de la cotisation patronale vieillesse est annoncée, sa compensation l’est également, ne rétablissant pas le déséquilibre aujourd’hui profond

entre rémunérations du capital et du travail.

Les quelques mesures qui peuvent apparaître dans ce projet de loi comme des avancées, notamment pour réduire l’inégalité femme/homme, sont de portée très

limitée et en réalité réduites à néant par l’allongement de la durée de cotisations qui s’inscrit dans la continuité de la loi Fillon.

L’ouverture d’un « compte individuel de prévention de la pénibilité », d’ailleurs très encadré, oublie la solution aujourd’hui existante du départ anticipé pour les

métiers les plus pénibles. Ce dispositif est une porte ouverte à l’individualisation du calcul des retraites, et constitue les prémisses de la retraite par point. Et il ne résoud pas les conséquences des conditions de vie au travail de plus en plus dégradées avec le stress et la pression managériale accrus chez nombre de salariés, conduisant malheureusement certains jusqu’au suicide.

Pour de nombreux salariés aux carrières incomplètes (dont nombre de femmes) dans un contexte où, depuis trente ans, aucune politique n’a jusqu’alors fait reculer

significativement et durablement le chômage de masse, le nouvel allongement de la durée de cotisations rend improbable le départ à la retraite à 62 ans.

Il fragilise le système par répartition, bien collectif, en incitant celles et ceux qui le peuvent à faire le choix du secteur assurantiel privé, pas supplémentaire vers la

capitalisation inégalitaire.

Ce projet de loi ne revient pas sur le recul de l’âge légal du départ à la retraite, reporté par la loi Fillon de 60 à 62 ans. Il ignore ce faisant que l’espérance de vie

en bonne santé, régressant d’ailleurs, c’est aujourd’hui 62 ans pour les hommes, 63,5 ans pour les femmes. Il oublie que la durée moyenne validée aujourd’hui pour

la retraite de base du privé est de 37,7 ans. Il ignore que le taux de remplacement est équivalent entre privé et public, menaçant par là le Code des Pensions de la

fonction publique garant de l’égalité de traitement des usagers du service public. Il oublie que c’est le coût du capital, non celui du travail, qui n’a cessé d’augmenter

depuis 30 ans. Il fait semblant d’ignorer que la productivité, parmi les plus élevées du monde en France, ne cesse de progresser.

Ce projet de loi aggrave également les conditions de vie des retraités et pensionnés en reculant de six mois, d’avril à octobre, la revalorisation des retraites et pensions.

En toute responsabilité vis à vis de l’avenir, tous ces constats amènent nos organisations, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les ministres

et secrétaires d’Etat, à vous demander de retirer ce projet de loi. Ils nous amènent, Mesdames et Messieurs les députés, à vous demander de ne pas voter ce projet de loi.

Nos organisations syndicales, CGT, FO, FSU et SOLIDAIRES en Moselle, appellent les salariés et les citoyens et habitants de notre département à porter auprès de vous les mêmes revendications.

Alors que les gouvernements d’Europe imposent partout

l’austérité, elles les appellent à participer à toutes les initiatives interprofessionnelles, dans les entreprises et les administrations, qu’elles organisent dans le cadre de la journée d’actions nationale du 15 octobre, jour où le Parlement français devrait être appelé à se prononcer sur le projet de loi portant réforme des retraites.