Intervention Hubert Duchscher représentant de la FSU
Je souhaite revenir sur certains aspects de notre chapitre consacré à l’Education, en particulier dans le cadre de la formation initiale.
Tout d’abord quelques constats qui doivent nous interroger :
les faibles performances de la Lorraine en matière de bacs généraux(-3% par rapport à la moyenne nationale)
un taux de poursuite dans l’enseignement supérieur qui demeure faible.( il manque 5000 élèves pour être dans la moyenne nationale)
une sur représentation des demandes de formation post-bac courtes (bac+2)
Ces trois facteurs montrent à quel point notre région est encore marquée par l’organisation sociale des ses grands groupes industriels du vingtième siècle, qui ont toujours pesé pour adapter le système de formation à leurs besoins immédiats. Cet héritage se caractérise aussi par un manque d’ambition des familles en particulier dans les milieux les plus modestes. Pour combattre ce fatalisme social il faut mobiliser les acteurs dans leur diversité et à tous les niveaux, les acteurs sociaux, associatifs, institutionnels …
Enfin le rapport met en évidence les faibles performances de la Lorraine en matière d’enseignement des langues à l’école primaire (28,6% des élèves de CP , moyenne nat :31,4, Alsace 71,4) pourquoi un tel décalage ? l’enseignement des langues devrait être une priorité absolue dans une région frontalière comme la notre, nous devons relancer les autorités compétentes …
A ce stade je veux aussi vous faire part de ma très grande inquiétude quand j’observe l’état dans lequel se trouve le Service public de l’Education Nationale.
A regarder les chiffres bruts, les indicateurs lorrains sont légèrement au-dessus de la moyenne nationale, mais derrière les annonces rassurantes du rectorat la réalité est bien différente.
Je veux vous livrer quelques exemples concrets :
1-Dans l’enseignement secondaire en Lorraine.
Comme dans toutes les académies 10% de l’horaire d’enseignement doit d’office être assuré en heures supplémentaires ! Les nouveaux profs admis au concours sont mis directement et sans formation sur le terrain avec un horaire plein ! Malgré toutes ces dispositions 120 postes sont restés vacants en Lorraine après les mouvements d’affectation. Le recours aux personnels précaires (on en a compté jusque 700 durant l’année scolaire dernière) atteint ses limites…des centaines d’élèves sont privés de cours pendant des périodes plus ou moins longues.
Cette situation génère stress et tensions, elle ne peut avoir que des conséquences néfastes sur la qualité de l’enseignement dans nos lycées et collèges.
2-Dans l’enseignement primaire en Lorraine : deux exemples de régressions graves
-Un point sur la scolarisation des enfants de deux ans,
Cela a toujours été un sujet très controversé, mais tous les spécialistes s’accordent pour souligner sa grande utilité pour les catégories sociales défavorisées.
En 10 ans le taux national de scolarisation des 2 ans est passé de 35% à 18%, la Lorraine se situe à 17,6 avec de fortes disparités entre départements. La palme des contrastes revenant à la Moselle avec un taux de 12% des 2 ans scolarisés pour un taux de 52,4% d’élèves de sixième issus de catégories socioprofessionnelles défavorisées.
La scolarisation des deux ans était un outil d’intégration pour les enfants des familles modestes, on en a fait une variable d’ajustement pour supprimer des emplois de fonctionnaires.
les réseaux d’aide pour les enfants en difficulté.
Chaque rased est constitué d’un psychologue scolaire et de deux ré éducateurs pour prendre en charge les enfants en grande difficulté. Ils ont tous suivis une formation spécifique validée par un examen. En 5 ans près de 20% de ces postes ont disparu (souvent à cause de la diminution des moyens de formation) avec des inégalités territoriales très fortes, par exemple il n’y a plus aucun psychologue scolaire pour couvrir les secteurs de Sarreguemines Sarralbe et pays de Bitche sur l’Est mosellan.
Comme vous pouvez le constater ces mesures frappent prioritairement les populations scolaires les plus fragiles !
Dans un récent rapport qui devait rester confidentiel, l’ inspection générale de l’Education Nationale estimait que « les choix budgétaires du gouvernement préparent assez peu l’avenir et sont susceptibles de créer des tensions … » . C’est lourd de sens, surtout quand on connaît la prudence légendaire de ce corps de hauts fonctionnaires.
Cela n’empêche nullement le gouvernement d’annoncer qu il poursuivra sa politique de non-renouvellement d’un enseignant sur deux partant à la retraite. Peu lui importe le coût social que cela engendre, nos gouvernants ne fréquentent pas ce monde là, celui de l’école publique et laïque.
Leur monde à eux est de l’autre coté du bouclier fiscal, et pour maintenir ce rempart protecteur des plus fortunés, ils sont prêts à tout, même à sacrifier l’Ecole de la République