La FSU-SNUipp Moselle, la CGT Educ Action , Sud Education et la FCPE ont sollicité une audience avec l’Inspecteur d’académie pour évoquer avec lui les problématiques des AESH et l’école inclusive Vous trouverez ci dessous le compte rendu de cette audience. Quelques réponses, mais insuffisantes et pas satisfaisantes !
Une délégation composée de 8 personnes ( issue de la FSU-SNUipp, de la CGT Educ, de Sud Education et de la FCPE) a été reçue en audience par M. le DASEN à la DSDEN de Moselle, le mercredi 06 novembre 2025 à 16h.
Etaient également présentes Mme la secrétaire générale de la DSDEN 57, Mme l’IEN Ecole inclusive ainsi que Mme la responsable du pôle académique AESH.
Les représentants de la FCPE et des organisations syndicales ont souhaité ouvrir l’audience par l’évocation des très nombreux cas de non-respect de notifications d’accompagnement humain de la MDPH.
A également été abordé le problème du sous-accompagnement de certains élèves notifiés Accompagnement individualisé et qui en réalité ne sont accompagnés que partiellement. Des cas concrets, à Metz, à Thionville, dans le 1er et dans le 2nd degré ont été présentés. Ils auraient pu être plus nombreux tant les enseignant-es, directrices et directeurs, parents, personnels AESH témoignent dans leur quotidien ne nombreuses situations problématiques voire inacceptables.
M. le DASEN reconnait qu’il y a, à l’instant T, 7465 élèves reconnus en situation de handicap dans le département, dont plus de la moitié avec une notification accompagnement humain en milieu ordinaire (individualisée ou mutualisée), plus de 2600 en structure ULIS, près de 1100 en établissement spécialisé médico-social.
Une fois encore, le DASEN refuse de nous communiquer le nombre d’élèves sur liste d’attente pour un accompagnement humain dans notre département alors que la DGESCO annonce plus de 48 000 élèves en attente en France. La moyenne nationale de non-respect des notifications d’accompagnement humain de la MDPH étant de 12% avant les congés d’octobre selon le ministère, on peut imaginer que plus de 800 élèves bénéficiant d’une notification MDPH n’ont pas l’accompagnement humain auquel ils ont droit dans notre département !
M. le DASEN insiste sur les efforts croissants en termes d’ouverture de structure ULIS et de postes AESH (Environ 1100 ETP dans le département pour 1700 AESH avec une augmentation des embauches de 2% d’ETP AESH à la rentrée 2025 en Moselle).
Ces efforts sont d’évidence bien en-deçà des besoins réels. Ils ne peuvent suffire à compenser les manquements déjà constatés et l’augmentation continue des besoins. C’est l’insuffisance de l’investissement institutionnel que dénoncent nos organisations.
Nos interlocuteurs nous ont longuement présenté le dispositif PAS conçu comme un « guichet unique pour tous les EBP (élèves à besoins particuliers) » mis en place pour l’instant dans 4 circonscriptions du 57 et qui semble avoir vocation à se généraliser.
En l’état, à l’opposé du discours institutionnel, les PAS sont un sujet de préoccupation pour nos organisations. L’école inclusive n’existe toujours pas et ce n’est pas avec ce dispositif a minima que les ESH seront accompagnés convenablement. Un dispositif d’auto-régulation mis en place au collège de la Milliaire à Thionville a également été présenté comme un dispositif novateur et à-même d’améliorer l’accompagnement des ESH par les équipes pédagogiques.
Selon nous, ce sont des moyens humains qui manquent pour faire fonctionner convenablement l’école inclusive. Nous avons ainsi rappelé les difficultés procédurales parfois considérables pour les familles entre reconnaissance du handicap, CDAPH, GEVASCO, mise en place effective de l’accompagnement. L’annonce de la création de seulement 1200 postes d’AESH par M Geffray pour le budget 2026 ne va vraiment pas dans le sens attendu.
Nous avons également souhaité aborder la situation de nos collègues AESH.
Le constat est fait par nos délégué.es des difficultés persistantes pour les collègues (difficultés financières eu égard à la faiblesse des rémunérations, aux déplacements de plus en plus conséquents, au manque de formation, aux difficultés administratives – telle l’absence de subrogation en cas d’arrêt maladie –, aux difficultés dans l’exercice des missions engendrées par les PIAL).
Le nombre croissant de démissions et les difficultés à recruter des AESH, les difficultés pour les coordonnateurs PIAL sont autant d’éléments révélateurs de ces dysfonctionnements structurels. De même les licenciements pour inaptitude, les RQTH pour les collègues AESH témoignent également de la pénibilité toujours plus grande du métier.
La DSDEN n’apporte pas de réponse satisfaisante sur ces points mais affirme la garantie que les zones d’intervention des AESH (actuellement circonscriptions PIAL) ne seront pas élargies, assure la volonté d’assurer les 60 heures de formation initiale pour les nouvelles/nouveaux AESH et de proposer cette année un module de formation continue de 3 heures pour 400 AESH déjà en fonction.
Ainsi, bien que M. le DASEN réaffirme l’importance donnée à l’école inclusive et aux personnels AESH, les annonces faites sont loin d’être satisfaisantes.
La FSU SNUipp eu la confirmation que les heures supplémentaires générées par les sorties scolaires ne font pas partie des heures connexes. Le document que devaient signer les AESH afin d’accepter de faire ces heures supplémentaires bénévolement ne pourra plus être utilisé.
La FSU SNUipp a demandé qu’une alternative au report en 2027 de la subrogation soit trouvée. Trop de collègues AESH se retrouvent dans des situations financières compliquées lorsqu’il faut rembourser les trop perçus. Les AESH ne doivent pas être les victimes de l’incompétence des services à mettre en place la subrogation !!!
Nous avons obtenu l’assurance que, en cas d’arrêt maladie, les écarts entre le salaire versé par la DSDEN et le remboursement des IJJS sont normaux (mais très compliqués à expliquer) et que les AESH ne perdent aucun argent (il n’y a pas deux fois le prélèvement de la CSG et de la RDS). Il est possible de contacter son gestionnaire de paie afin d’avoir des explications à ce sujet, voire même de solliciter un rendez-vous.
La FSU SNUipp a demandé que les conditions d’entretiens professionnels soient respectées : tous les trois ans, sur le temps de travail et dans l’école d’affectation. Il n’est pas acceptable que certains IEN demandent aux AESH de se déplacer dans les locaux de l’Inspection, en dehors de leurs heures de travail. Un rappel de la procédure sera fait aux IEN et aux coordonnateurs PIAL.
La FSU SNUipp a dénoncé le traitement réservé aux AESH qui souhaitent changer de département : devoir passer par la plate-forme de recrutement de l’Education Nationale comme un.e AESH novice n’est pas normal. La Secrétaire Générale conseille de joindre un CV et une copie des contrats ou des entretiens professionnels à sa demande d’embauche dans le nouveau département : en Moselle, cela permet un emploi rapide.
La FSU SNUipp demande que les AESH puissent également toucher la prime informatique : l’administration leur demande entre autres de se connecter à leur mail professionnel, de participer à des formations en ligne mais la plupart des AESH n’ont que leur smartphone pour cela. Cela complique l’accès aux informations, certains documents ne peuvent être consultés sur le téléphone …Leur salaire ne leur permet pas d’investir dans du matériel informatique.
La FSU SNUipp de Moselle demande que cette énième injustice à leur égard soit réparée.
L’intersyndicale a alerté la DSDEN sur les frais qu’engendrent les déplacements de plus en plus fréquents liés aux affectations dans plusieurs écoles d’un PIAL. Le salaire ridicule des AESH ne leur permet pas d’effectuer de telles dépenses et ils.elles ne peuvent prétendre à un remboursement de leurs frais de déplacement puisque les communes d’affectation sont souvent limitrophes. La Secrétaire Générale assure qu’une attention particulière est portée à ce type de situation et qu’il faut faire remonter les cas compliqués.
La FSU SNUipp demande à ce qu’il soit rappelé aux coordonnateurs PIAL et aux directeurs.trices que les temps de trajet entre deux écoles sur une même journée doivent être comptabilisés dans le temps de travail des AESH.
La FCPE et les représentants syndicaux ont alerté M le DASEN sur la profonde crise de l’école inclusive dans nombre d’établissements ; ce constat est partagé par les parents, mécontents de la promesse non tenue d’une école « réellement pour tous », par les AESH investi.es mais confronté.es au mépris institutionnel et sans perspective d’amélioration et par les enseignant-es qui souffrent, confrontés à des situations de plus en plus complexes qui mettent à mal le sens de leur métier.
Le DASEN n’ayant apporté aucune réponse satisfaisante ni engagement concret, nous réaffirmons notre soutien plein et entier aux AESH et à l’ensemble des personnels engagés pour une école véritablement inclusive ; nous continuons à exiger l’ouverture de négociations réelles sur les rémunérations, la formation, la titularisation et les conditions d’emploi des AESH.
MOSELLE